Hei Ki Jan Pearse

International Zen Association

Je suis une nonne zen soto membre de l'IZA qui est la lignée des maîtres Kodo Sawaki et Taisen Deshimaru. Au Japon, on appelle une nonne ou un moine "unsui", ce qui veut dire "nuages et eau". Notre sangha n'est pas monastique (quelques personnes vivent dans les temples pour les entretenir mais elles ne restent généralement que quelques années) et je comprends qu'au Japon on considère ainsi comme prêtres ceux qui ont pris les voeux d'ordination de moine ou de nonne. Etre ordonné moine ou nonne signifie mettre la pratique et la sangha au centre de notre vie et établir une connexion avec un maître (qui peut être une femme ou un homme).

Nous portons nos robes (kimono blanc et kolomo noir) pour la pratique, le sesshin (retraite) et dans le temple. Durant l'ordination, nous recevons une kesa (bouts de tissus cousus ensemble à la main au petit point). On la porte par-dessus l'épaule gauche et autour du corps sur les robes pendant zazen (méditation), les cérémonies et parfois les repas. Au cours de l'ordination, nous recevons aussi un rakusu. C'est une petite kesa portée autour du cou pour la pratique et plus agréable pour les activités quotidiennes. On peut la porter sans les robes et dans à peu près n'importe quelle situation – mais seulement si vous le voulez. Evidemment, on ne doit pas la porter pour impressionner. Se raser la tête est aussi en option. De ce fait, nous ne sommes pas forcément facilement reconnaissables au quotidien.

On ne traite vraiment pas de façon particulière une nonne ou un moine IZA. Il n'y a pas de différence officielle entre les femmes et les hommes. Nous montrons un respect particulier à quiconque a pratiqué plus longtemps que nous. Bien sûr, nous respectons aussi les débutants. Ce qui compte est la vigilance portée à chaque instant, de sorte qu'un comportement juste en découle automatiquement.

Gassho est un geste que nous faisons beaucoup. Nous amenons la paume droite contre la paume gauche, doigts vers le ciel à hauteur du nez, à quelques centimètres du visage. Puis nous nous inclinons. Ça peut aller d'une inclination de la tête à une inclination de la taille, mettant la tête au niveau de la taille. Quand nous faisons gassho à quelqu'un, nous le regardons avant et après l'inclination. C'est un geste plein de nuances. C'est une marque de respect, l'expression de notre humilité et un moment où l'on se doit d'être attentifs. Quand le gassho est adressé à une autre personne, on le fait en même temps. Généralement, le gassho prend fin très naturellement. Au Japon, c'est la personne la plus ancienne dans la pratique qui décide quand il cesse ou la personne la plus âgée si elles sont toutes deux laïques.

Il n'y a pas de règles interdisant à quiconque de toucher, embrasser ou prendre dans ses bras une personne de notre sangha, homme ou femme, avec ou sans robes. Il suffit simplement d'appliquer au quotidien ce qu'on considère habituellement comme convenant tout en étant dans l'instant présent. Justesse, à-propos, convenant Nous sommes particulièrement vigilants quand nous touchons la kesa, mais il n'y a de règles que lorsqu'on la met ou qu'on l'enlève. Quand on ne porte pas la kesa ou le rakusu, on ne les laisse pas par terre ou sous quelque chose, alors s'il-vous-plaît, essayez de faire attention à cela quand vous devez déplacer une kesa ou un rakusu. Certaines personnes n'apprécient pas qu'on touche leur tête quand elle est rasée alors demandez d'abord si vous voulez toucher !

Il y a deux engagements formels envers la pratique et la sangha. L'un est l'ordination de Bodhisattva qui inclut prendre refuge et recevoir les préceptes, l'autre est l'ordination de nonne ou de moine. Les gens qui n'ont pas reçu l'ordination peuvent porter un kimono noir, de même pour les bodhisattvas qui, durant l'ordination, reçoivent en plus un rakusu, mais pas de grande kesa.

Nous recevons un nom durant la prise de voeux de bodhisattva, de nonne ou de moine. En Occident, notre nom de bodhisattva est sur notre ketsumyaku (document d'ordination), documents écrits, affiches annonçant des rencontres, etc. C'est sous la forme de Jan Hei Ki Pearse ou Hei Ki Jan Pearse. Le nom de nonne ou de moine est sur le ketsumyaku et il est utilisé uniquement après la mort. Le nom que nous recevons à l'une ou l'autre ordination est un enseignement qui grandit avec notre pratique et, en gardant secret le nom de nonne ou de moine, nous évitons d'être influencés par l'opinion des autres. Mais personne ne fait pas d'histoires si on dit notre nom de nonne ou de moine à quelqu'un !

Rien n'est sacré, Tout est sacré.

Gassho Hei Ki Jan Pearse

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